Le paysan et le Loup-Garou
Le Loup-Garou était un être diabolique particulier. C’était un homme qui avait la propriété de se déguiser en loup; sautant sur les épaules du voyageur attardé, il l’affolait, l’aveuglait et le précipitait dans une mare où la victime périssait noyée.
Idiot, mendiant ou fossoyeur, il vivait en bons termes avec les fauves du bois, les renseignait sur les enfants et les bestiaux à enlever, sur les battues qu’on organisait pour s’en débarrasser. Les bonnes femmes donnaient des conseils souverains à quiconque craignait la rencontre du loup-garou.
« Au lieu de continuer votre chemin, couchez-vous sur le sol, récitez l’oraison de saint Leumeret et attendez l’aurore pour reprendre votre route » : le moyen est toujours excellent pour gagner une fluxion de poitrine. Près d’Avesnes était l’ermitage de la Croisette qui avait son Loup-Garou. Un paysan, s’étant égaré pendant une nuit obscure dans un sentier étroit de la forêt voisine, fit rencontre d’un animal qu’il prit pour un mouton.
« C’est, pensa-t-il, une bête qu’un pâtre aura perdue, ou bien une offrande échappée des mains de saint Antoine. »
Il s’approcha de la brebis docile, lui passa au cou sans difficulté la courroie qui lui servait de ceinture et la chargea sur ses épaules, avec la pensée de la restituer à son propriétaire ou, à défaut, d’en faire son profit. A peine avait-il fait quelques pas, qu’au loin il entendit l’appel de la chouette :
« Hou ! Hou ! »
Auquel l’animal répondit d’un ton aigu :
« On me carriole ! On me carriole ! »
Le paysan, justement effrayé de ce dialogue, voulut se débarrasser de son fardeau; mais grand fut son étonnement en se rendant compte de la disparition de la bête fantastique. Il aperçut un amas de vapeurs lumineuses, au milieu duquel lui apparut très distinctement l’image du Saint avec son cochon et ses autres attributs.
Une chapelle fut érigée en cet endroit; elle existait encore en 1818. Par les nuits sombres, l’animal errait dans le voisinage, les passants le voyaient et l’entendaient, mais personne ne fut assez hardi pour en charger ses épaules.
« La vie dans le nord de la France au XVIIIe siècle. » René Minon, E. Lechevalier, Paris, 1898.
septembre 11, 2014 à 5:17
C’était la Pleine Lune voici quelques poignées d’heures (lundi soir)…
C’est pour ça que j’étais absent lundi et mardi… 😳
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septembre 11, 2014 à 5:34
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septembre 11, 2014 à 9:33
as tu lu la nouvelle très attendrissante du loup garou de Boris Vian Hervé ?
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septembre 11, 2014 à 11:39
Non Juliette … 😦
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