Monsieur tout court
L’auteur du Petit Café est certes un homme charmant, mais il est surtout un homme spirituel et peu d’écrivains ont à leur actif une collection si complète de mots amusants.
II est vrai qu’on lui en attribue quelquefois qui ne sont pas de lui. Mais alors il se contente de sourire, dans sa barbe, même quand ils sont mauvais car, dit-il, il faut établir une juste moyenne et ceux-ci sont largement compensés par d’autres, qui sont fort bons.
Voici cependant une anecdote tout à fait véridique.
Chez des amis, un tout jeune homme de lettre était présenté à M. Tristan Bernard et, tout de suite, le débutant mis à l’aise par la bonhomie naturelle de son célèbre interlocuteur, se montrait familier. M. Tristan Bernard ne l’intimidait pas du tout, malgré sa majestueuse barbe. Il l’intimidait si peu que, soudain, prenant l’auteur du Petit Café par le bras :
— Je voudrais déjà, en considération de l’amitié que j’ai pour vous, lui dit-il, ne plus vous appeler « Monsieur Tristan Bernard ».
Alors, Tristan Bernard sourit et laisse tomber ces mots :
— Vous avez raison, allez… appelez moi donc « Monsieur » tout court.
« La Rampe. » Paris, 1923.
octobre 8, 2017 à 4:28
D’où l’expression utilisé encore de nos jours « Monsieur tout court ». Non ?
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