choléra
Prophylaxie orientale
Les administrateurs orientaux avaient une plaisante façon de combattre la peste et le choléra, et les autres fléaux auxquels leurs peuples étaient particulièrement exposés.
En 1902, un médecin français fut envoyé, par le sultan, dans un district de l’Asie Mineure où le choléra faisait des ravages. Il alla trouver le gouverneur de la capitale, une petite ville de quatre mille habitants, et lui demanda, quelles mesures sanitaires il avait prises.
— Monsieur, répondit le fataliste fonctionnaire, nous sommes prêts… J’ai fait creuser quatre mille fosses.
Les oiseaux pendant le choléra
Un recueil scientifique allemand a donné, en son temps, des détails sur un sujet dont on ne s’était jamais beaucoup occupé. Il s’agit d’observations faites sur les oiseaux pendant des épidémies de choléra.
A Saint-Pétersbourg et à Riga eu 1848, dans la Prusse occidentale en 1849, dans le Hanovre en 1850, il a été remarqué qu’au moment de l’irruption de la maladie, les oiseaux du genre choucas, les moineaux et les hirondelles avaient abandonné la ville attaquée par le fléau, et n’étaient revenus que quand le mal était en forte décroissance ou bien avait complètement cessé.
En Galice le 26 septembre 1872, les passereaux s’envolèrent de la ville de Przemysl quelques jours avant l’invasion du choléra, et ne rentrèrent que le 30 novembre, c’est-à-dire quand il n’y eut plus à déplorer aucun cas de mortalité. Il en arriva autant à Nuremberg, tant que le mal y régna. Le même phénomène a été observé a Munich, où le retour de ces oiseaux a été salué, comme bien on pense, par la population avec des sentiments de joie. Ce retour a coïncidé avec la cessation de l’épidémie. Il semble qu’un agent cholérique répandu dans l’air excite ces volatiles à fuir au loin.
Ces départs ont, bien entendu, lieu quelquefois sans que le choléra apparaisse, et les habitants ont souvent conçu des craintes exagérées en voyant partir les passereaux. En Allemagne, le choléra a coïncidé avec le temps de la moisson, époque à laquelle des espèces d’oiseaux qui habitent les villes émigrent aux champs en train de se dégarnir et établissent pour quelque temps leur quartier général. On observe le même fait chez les étourneaux. En juillet, dès que les foins sont coupés, ces oiseaux s’échappent des villes et des villages, et, se réunissant par troupes, ils s’en vont dans les champs faire la chasse aux sauterelles, aux scarabées et autres coléoptères, passant la nuit dans les roseaux, sur les rivières et les étangs. A l’automne, ces troupes rentrent en ville, pour s’envoler ensuite définitivement au bout d’une quinzaine de jours.
« Le Journal de la jeunesse. » Paris, 1873.