Londres
Toujours la momie de mauvais augure
La presse quotidienne et d’actualité s’est beaucoup occupée, il y a quelque années, d’une momie exposée dans le British Museum de Londres et à laquelle on attribuait une influence malheureuse sur tout ce qui avait affaire avec elle. Les journaux français en ont parlé comme les autres, et l’un de nos « psychistes » les plus estimés, occupant une situation sociale élevée, écrivit alors, sous le pseudonyme de Dr. A. Wylm, un ouvrage des plus humoristiques et spirituels : L’Amant de la Momie.
Maintenant, la fameuse momie fait de nouveau parler d’elle. Un petit article publié par Marion Ryan dans le Weekly Dispatch racontait comme quoi, depuis le début de la guerre (1914-1918), les directeurs du British Museum avaient reçu nombre de lettres les suppliant de procéder sans retard à la destruction de la « momie de malheur » à laquelle on attribuait toutes les calamités subies par les alliés.
Interviewé par Marion Ryan, le Dr. Bunch, du British Museum, affirmait que cet établissement n’avait jamais possédé la momie en question, bien que deux momies jouissant d’une réputation sinistre aient été successivement exposées, durant quelques jours, dans le Musée. Le public avait fini par les identifier avec un sarcophage qui appartenait bien au British Museum, mais qui était vide.
Un dame favorablement connue dans les milieux spirites anglais, Mrs. E. Katharine Bates, écrivit dernièrement au Light protestant contre cette version du Dr. Bunch. Elle assure que la « momie de malheur » était bien au Musée, auquel elle a été donnée par. Mr. Douglas Murray, qui en raconta l’histoire à Mrs. K. Bates. Cette histoire est à peu près conforme à celle qu’on avait publiée il y a quelques années :
Mr. Douglas Murray achète la momie en Egypte, mais éprouve aussitôt pour elle une vive aversion. Quelques jours après, il est blessé d’un coup de feu au bras, qu’on doit lui amputer. Durant le voyage de retour, un de ses compagnons mourut et se produisirent d’autres malheurs que Mr. D. Murray attribua à la « Princesse » égyptienne. Il la céda à une amie, qui la lui rendit, peu après, par suite de diverses calamités qui l’avaient frappée. Un capitaine W… se fit prêter le cercueil pour en copier quelques détails : quelques mois après, il se suicidait. Mr. Murray fit transporter le cercueil chez un photographe. Le voiturier qui fit le transport, se suicida à son tour, peu après. Le photographe mourut d’une façon quelconque, etc.
Nous sommes convaincus que cette macabre histoire résisterait mal à une enquête approfondie. Mais il est intéressant de constater comment ces croyances si probablement superstitieuses ont des racines même en des pays qu’on considère généralement comme peu portés à les admettre, tel que l’Angleterre.
« Annales des sciences psychiques. » Paris, 1916.
Affiche : « The Mummy » de Karl Freund, avec Boris Karloff. 1932.
Un appétit célèbre
L’appétit d’Haendel, le célèbre compositeur allemand, né en Saxe en 1684, mort à Londres en 1759, était aussi extraordinaire que son embonpoint.
Un jour, il se présenta dans un restaurant de Londres et commanda un dîner pour trois personnes. Après avoir attendu quelques moments, qui lui parurent extrêmement longs, il interpella vivement le garçon :
— Eh bien, et mon dîner ? en finirez-vous bientôt!
— Mais, monsieur, j’attends que la société soit arrivée.
— Eh bien alors, servez-le prestissimo, reprit Haendel, la société, c’est moi.
Un gentleman
Walter Sickert, ce peintre anglais dont on aime, à Londres et à Paris, les nus, les rues, les music-halls et les intérieurs, était attablé l’autre jour dans un café de Dieppe.
Un Américain entre, qui lui demande où sont les W-C. Sickert (il était en compagnie d’une dame) estime inconvenante la question. Un instant il hésite à répondre. Enfin il répond :
— Prenez ce couloir, tournez à gauche, montez trois marches, tournez à droite. Vous aurez devant vous deux portes à panneaux de verre dépoli. Sur l’une vous lirez : Gentlemen… Vous entrerez quand même.
« Le Bulletin de la vie artistique. » Paris, 1921.
Pour attirer la clientèle
Ceux qui, à l’époque des vacances, s’entassent péniblement dans des compartiments bondés auraient du mal à croire qu’il y eut un temps où les Compagnies de chemins de fer se voyaient obligées d’offrir des distractions aux voyageurs pour s’attirer leur clientèle.
Pourtant, tel fut le cas en Angleterre quand la première voie ferrée partant de Londres même : celle de Greenwich, fut mise en service. Les Anglais, traditionalistes comme chacun sait et grands amateurs de chevaux, étaient dans leur ensemble défavorables au nouveau genre de locomotion qui menaçait de faire disparaître les anciennes diligences. Aussi la Compagnie, pour remplir ses wagons, dut-elle installer à diverses stations du parcours des orchestres dont les musiciens, habillés d’un uniforme semblable à celui des gardes de la Tour de Londres, jouaient des airs entraînants.
Le public se laissa prendre au piège et bientôt on dut refuser du monde. Inutile de dire que, sitôt le but atteint, les musiciens disparurent. Mais l’habitude était prise de voyager en chemin de fer.
Le rouget sous la cendre
Me pardonnera-t-on de laisser un instant de côté les on-dit et les on-fait et de parler cuisine ? Il est vrai qu’il s’agit de cuisine distinguée, délicate, voire artistique. Le rouget sous la cendre ! Il paraît que c’est une merveille imaginée dans un hôtel « esthétique » à Londres.
Oyez plutôt : je vous en prie, évoquez un instant ce rouget. Qu’il soit bien assaisonné, relevé d’une pointe de romarin et de thym, légèrement oint de belle huile d’olive et couché dans une caisse de papier également huilée. Enfin, imaginez-le accommodé d’une petite sauce où se marient l’échalote finement hachée, le beurre au jus de citron et le vin blanc sec aux trois quarts réduit. Puis mis au four, dans une gaine faite de deux caisses hermétiquement emboîtée, protégée par un papier huilé et enfin recouverte d’une épaisse couche de cendre.
Qu’après dix minutes de cuisson la caisse soit retirée et démaillotée, il s’en échappe un fumet divin…
Quelle qu’ait été la vie de ce rouget, une telle fin rachète bien des erreurs
Illustration : opalyne.centerblog.net
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